Democracia representativa y democracia participativa. Comentarios alrededor de la comparacion entre la Colombia y la Venezuela contemporaneas. - Vol. 24 Núm. 1, Enero 2012 - Revista Desafíos - Libros y Revistas - VLEX 635203229

Democracia representativa y democracia participativa. Comentarios alrededor de la comparacion entre la Colombia y la Venezuela contemporaneas.

AutorLaunay, Stephen
CargoArtículo en francés
Páginas155(19)

Depuis la crise du communisme occidental, dans les années soixante-dix, est apparue ce qui est présenté comme une nouvelle formule de la démocratie, et comme un ajout à la démocratie représentative, ou libérale, ou moderne: la >. Présentée d'abord comme un ensemble de formules pratiques ou de > approfondissant la démocratie représentative, en ce qui concerne la souveraineté et la volonté populaires sous les divers aspects de la participation, la démocratie participative a peu à peu été conçue comme un substitut de la démocratie représentative (Sintomer, 2009). Elle prend même, dorénavant, les traits d'une mystique inédite de la politique dont la seule énonciation semble promettre un avenir meilleur.

C'est, en effet, qu'elle fait son lit des déceptions que la démocratie, telle que nous la connaissons, provoque. Son prosaïsme, la professionnalisation des politiques qui est assimilée à de la technocratie, la liberté individuelle qu'elle promeut, laissent les citoyens responsables de leur propre bonheur. Or, la démocratie participative promet, au contraire, le bonheur dans la participation permanente, dans la réunion unifiée des énergies, dans la projection collective d'aspirations dont la première n'offre, au mieux, que le cadre et les conditions de réalisation.

Sur le plan historique de la généalogie des idéologies, la démocratie participative est venu s'articuler au populisme jusqu'à en constituer un synonyme. Or, du ciel des idées et de la dispersion des pratiques (budgets participatifs), cette formule a pris corps de façon systémique au Venezuela, sous la présidence de Hugo Chávez. Les traits qui lui sont inhérents se sont cristallisés dans un régime politique qui permet d'en apprécier les tenants et les aboutissants après plus de treize années de gouvernement. Le chemin de la comparaison est alors indispensable. La Colombie voisine offre cette possibilité parce qu'elle appartient à la même aire culturelle, qu'elle a été un partenaire par excellence de toutes les sortes d'échanges envisageables et qu'elle incarne aujourd'hui, au contraire, une démocratie représentative qui tente de se consolider et avec laquelle les motifs de dissensions n'ont pas manqué depuis le début des années deux mille.

Or, nous savons, depuis au moins Montaigne, face à la découverte du >, depuis Montesquieu et sa comparaison anglaise, et depuis Tocqueville et son voyage en démocratie américaine, que la comparaison est un outil de connaissance, de soi et de l'autre. Ce qui permet de mieux comprendre les caractères spécifiques des moeurs et des institutions politiques des pays comparés; ce qui permet, encore, de montrer la relativité d'une formule particulière par le jeu des singularités, de leur diversité (Badie, Hermet, 2001: 2-3). La comparaison peut alors être dite indispensable aussi parce qu'elle rapproche sans confondre. Elle est alors d'autant mieux venue qu'elle ne tombe toutefois pas dans le relativisme qui empêche tout rapprochement significatif, à partir des intentions, des discours et des pratiques.

Il se trouve que, dans le cas qui nous occupe, la démocratie participative se pose en s'opposant à la démocratie représentative et que le Venezuela chaviste se pose lui-même en voie totalement distincte de celle empruntée depuis longtemps par la Colombie. Nous avons donc ici les éléments d'un type-idéal à la Max Weber puisque nous avons à notre disposition à la fois les concepts et les cas pratiques.

Notre thèse est double. Sa première facette est que la démocratie participative, tout comme son synonyme, le populisme, fait système, d'une manière comparable à ce que représentait et représente encore le communisme: sa visée dépasse la seule application de formules partielles. De là découle sa deuxième facette qui est de constituer une formule fallacieuse de remplacement de la seule démocratie moderne véritable et réelle, pour ne pas dire une > comme l'affirme Hermet du populisme (Hermet, 2001: 207). Non qu'elle ne puisse établir un régime à part entière ; mais ce qu'elle institue est plutôt marqué au sceau de la désinstitutionalisation, comme en témoigne le modèle chaviste.

Nous tenterons de montrer ce double caractère lié de la démocratie participative en commençant, (I) sur le plan théorique, par présenter quelques traits distincts et significatifs des différences entre ce qui est censé appartenir en propre à la démocratie représentative et ce qui est censé relevé de la démocratie participative. (II) Nous aborderons alors les correspondants pratiques de ces traits au Venezuela et en Colombie.

Nous ne prétendons pas, dans les remarques qui suivent, à l'exhaustivité. Ainsi, si la dimension historique est essentielle, nous ne pouvons ici présenter une genèse des systèmes politiques au sein desquels sont apparus les leaders des deux pays concernés et leurs principaux acteurs. En outre, nous insisterons plus, dans la comparaison, sur la dimension chaviste car, si les traits de la démocratie libérale en général, et de celle qui existe en Colombie en particulier, font l'objet d'attentions rigoureuses renouvelées, le Venezuela chaviste est plus encore sujet aux polémiques. Et, quand bien même il pourrait se résumer à l'édification d'une > (Mires), les nuances qui habitent les rapports entre le discours officiel, binaire et dénonciateur, et les aléas des pratiques, radicales et souvent interrompues, laissent le champ ouvert à une véritable théorisation du populisme ou de la >. (1)

Libéralisme

Lors de la signature, en septembre 2001, de la Charte Démocratique Interaméricaine, le représentant du Venezuela, l'ambassadeur Jorge Valero, affirmait clairement la supériorité de la > sur la démocratie représentative défendue par le texte, cette dernière ayant été trop souvent invoquée, selon l'ambassadeur, pour couvrir des crimes. L'expression de > était, d'ailleurs, étrangement réduite, par ce même diplomate, à un outil forgé pour lutter contre les >, pendant la Guerre froide. La > devait, finalement, réaliser la démocratie authentique. En 2009, Hugo Chávez confirmait cette position. Il annonçait la réalisation de >. Il continuait en ces termes: > (Chávez, 2009)

L'anti-libéralisme constitue donc la clé philosophique ou philosophico-politique de la position des tenants de la démocratie participative. Sa dimension politique est l'anti-constitutionnalisme et, sur le plan international, l'anti-américanisme baptisé >.

L'anti-libéralisme est devenu le fond d'une partie de la culture politique contemporaine (Raynaud), notamment en Europe, ce dont témoignent, notamment, les commémorations du dixième anniversaire de la mort du sociologue Pierre Bourdieu dont les écrits et les engagements socio-politiques héritent, à leur manière, de Durkheim et de Marx, à quoi se mêle la nostalgie de la figure sartrienne de > (Baudouin, 2012). L'anti-libéralisme représente une nouvelle mouture de L'Opium des intellectuels (Aron, 1955) et procède du marxisme de Marx lui-même, quand celui-ci déplorait l'individualisme essentiel supposé de la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen dans ses écrits de jeunesse, pour rejeter cette Déclaration, en particulier dans La Questionjuive et défendre une approche collectiviste des droits et de la politique (Sénik, 2010).

Il découle logiquement (mais non nécessairement) de cela que l'irradiation de l'anti-libéralisme dans le registre de la pratique politique prend la forme de la remise en cause de l'État de droit, de la distinction des pouvoirs qui lui est liée, et dont Locke et Montesquieu avaient fait, chacun à sa manière, le signe de l'entrée dans la modernité politique, donc de la sortie du despotisme. Cette irradiation peut être résumée à la mise à mal du constitutionnalisme contemporain. De même qu'il existe plusieurs définitions de la démocratie -- dont les variations sur les déviations que sont les >, les > et autres > portent témoignage en creux -, il existe plusieurs approches du constitutionnalisme. Toutefois, la base commune est constituée par l'érection consentie d'un ensemble stable d'institutions normatives, dont le fonctionnement est assez complexe pour empêcher des transformations brutales au gré des caprices des dirigeants ou de la majorité du moment. (Holmes, 1999)

Il existe une tension entre le constitutionnalisme (qui exclut certaines décisions du...

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