Geopolitique de l'energie en Amerique latine: Le temps des incertitudes (1). - Núm. 14, Enero 2006 - Revista Desafíos - Libros y Revistas - VLEX 634462389

Geopolitique de l'energie en Amerique latine: Le temps des incertitudes (1).

AutorPaillard, Christophe-Alexandre
CargoIII. Reflexiones sobre seguridad
Páginas239(65)

Resumen

Hoy en día, Latinoamérica está llamada a jugar un papel cada vez más preponderante en el escenario energético mundial. La dimensión del problema energético latinoamericano se ha visto afectada por los cambios del contexto económico intrnacional. El problema de la energía en esta región del mundo ya no refleja únicamente las consideraciones internas del subcontinente. En general, y en un lapso de treinta años, la región ha pasado de un enfoque local a una integración en los mercados energéticos internacionales, paralelamente a la apertura económica internacional de América Latina y a su participación en los grandes flujos comerciales del mundo. La energía latinoamericana, por lo tanto, se ha convertido en una apuesta geopolítica y estratégica absolutamente crucial.

Palabras clave: América Latina, integración, mercados energéticos internacionales.

Résumé

Aujourd'hui, l'Amérique latine est appelée à jouer un rôle croissant sur la scène énergétique internationale. La problématique énergétique latino-américaine a changé de dimension du fait de changements majeurs du contexte économique international. L'approche de l'énergie dans cette région du monde ne relève plus seulement de considérations internes au sous-continent. Globalement, la région est passée en trente ans d'une approche locale à une intégration dans les marchés internationaux de l'énergie, parallèlement à l'ouverture économique internationale de l'Amérique Latine et à son ancrage dans les grands flux commerciaux internationaux. L'énergie latino-américaine est donc devenue un enjeu géopolitique et stratégique tout à fait majeur.

Mots cles: L'Amérique latine, intégration, les marchés internationaux de l'énergie.

Introduction

L'Amérique latine est appelée à jouer un rôle croissant sur la scène énergétique internationale. Pour autant, a-t-elle réellement conscience des enjeux énergétiques actuellement à l'Luvre à travers le monde? Peut-elle peser d'un poids décisif sur les grands équilibres énergétiques internationaux? Est-elle prête à jouer un rôle de modérateur longtemps dévolu à la seule Arabie saoudite? L'instabilité sociale de nombreux pays producteurs d'énergie d'Amérique latine peut-elle déboucher sur une crise aux répercussions plus internationales que locales ou régionales?

Beaucoup de ces questions restent à ce jour sans véritable réponse clairement identifiable.

Une analyse objective commune des enjeux internationaux de l'énergie, par rapport aux équilibres politiques et socio-économiques de l'Amérique latine, reste en effet problématique car il n'existe pas à ce jour d'approche homogène du problème.

Certains ont effectivement conscience que la vulnérabilité politique, économique et sociale de l'Amérique latine rend dangereuse l'instrumentalisation de l'énergie au service de causes politiques, par principe aléatoires. C'est particulièrement le cas de compagnies privées comme le Brésilien Petrobras ou des anciennes équipes dirigeantes du Vénézuélien PDVSA. D'autres, au contraire, préfèrent utiliser l'énergie comme un levier politique au service d'une "idéologie anti-impérialiste" ou comme un moyen d'introduire dans la région de nouveaux bouleversements sociaux. C'est typiquement le cas des actuels dirigeants du Venezuela et de Bolivie, au risque d'entraîner les pays développés et les pays émergents dans une crise du prix de l'énergie qui ne serait pas sans conséquence sur la stabilité macroéconomique du monde et sur les pays qui auraient été à l'initiative de la crise.

Or, la problématique énergétique latino-américaine a changé de dimension du fait de changements majeurs du contexte économique international. L'approche de l'énergie en Amérique latine ne relève plus seulement de considérations internes au sous-continent. Globalement, la région est passée en trente ans d'une approche locale à une intégration dans les marchés internationaux de l'énergie, parallèlement à l'ouverture économique internationale de l'Amérique latine et à son ancrage dans les grands flux commerciaux internationaux.

Dans les années 70 et 80, les pays d'Amérique latine, comme les pays de l'OCDE, cherchaient essentiellement à réduire leur dépendance extérieure à l'égard de l'énergie, à l'exception notable du Mexique et du Venezuela, pays exportateurs depuis l'Entre-Deux-Guerres. Cette attitude expliquait d'ailleurs les efforts faits au Brésil pour développer l'usage de l'éthanol. Ces politiques se sont d'ailleurs poursuivies jusqu'à aujourd'hui, malgré de nombreux changements politiques.

Il faut d'ailleurs constater que la baisse du coût de l'énergie entre 1985 et 1999 n'a pas eu d'impact direct sur ces politiques d'indépendance énergétique lancées à la faveur des deux premiers chocs pétroliers. Au contraire, les pays d'Amérique latine se sont dotés au cours de ces années de ressources permettant à la plupart des pays de la région d'atteindre cette indépendance (Bolivie, Brésil, Mexique, Venezuela) ou de ne dépendre que de ressources régionales (Chili, Uruguay, Paraguay). Des pays jusque là importateurs se sont mués en pays exportateurs ou ont atteint l'autosuffisance, à l'exemple du Pérou. Le cas le plus emblématique est celui du Brésil qui, en 2005 et pour la première fois de son histoire, a réussi à devenir autosuffisant du point de vue pétrolier du fait d'un effort d'investissement soutenu dans le domaine de l'exploration/production depuis les années 70.

Mais ces pays ont aussi réalisé, depuis la réduction des quotas de production de I'OPEP en 1999 et l'envolée des prix du baril à partir de 2004, que le monde devrait vivre avec une énergie chère et qu'il devrait toujours dépendre des hydrocarbures dans les vingt prochaines années (pour le bon fonctionnement de son économie). Ainsi, le bilan énergétique mondial devrait encore reposer pour 39% sur le pétrole et pour 26% sur le gaz naturel (2) pour la période 2010/2025.

Certains dirigeants politiques latino-américains ont perçu que de nouveaux efforts devraient être faits pour accroître le potentiel énergétique de l'Amérique latine et limiter plus encore la dépendance extérieure. Certains autres, à l'exemple d'Hugo Chávez, d'Evo Morales auiourd'hui et peut-être demain Ollanta Humala au Pérou, en ont surtout conclu que l'énergie, en se maintenant à des niveaux de prix élevés, était redevenue une arme politique, comme dans les années 70 pour l'OPEP, pour faire pression sur le Nord en général et sur les Etats-Unis en particulier, avec un effet amplificateur lié à la multiplicité des crises dans les mondes de l'énergie (Etats, marchés, entreprises, etc.). L'énergie n'était plus seulement un bien alimentant l'économie; elle était l'instrument privilégié pour modifier un contexte économique et social peu encourageant quant à la réduction des inégalités en Amérique latine.

L'énergie latino-américaine est donc devenue un enjeu géopolitique et stratégique tout à fait majeur. Plus rien de ce qui se passe en Equateur, en Bolivie ou au Venezuela ne relève désormais du seul cadre régional. Les émeutes de l'été 2005 en Equateur ont montré que le moindre événement pesait sur l'évolution des marchés mondiaux du gaz ou du pétrole alors que ces évènements, cinq années plus tôt, n'auraient eu qu'une répercussion locale.

Il est toutefois à craindre que la "démagogie énergétique" ne finisse par se retourner contre ses auteurs. Utiliser l'énergie comme arme de chantage est à double tranchant. Cette politique, à court et moyen terme, peut effectivement accroître l'impression de dépendance des pays développés. A plus long terme, elle implique une double riposte de leur part: financière et commerciale, en limitant l'aide aux pays qui utilisent ce chantage énergétique; industrielle, en poussant les pays consommateurs du Nord à retrouver des marges de manLuvre en investissant massivement dans des sources d'énergie qui ne dépendront plus des pays producteurs du Sud.

Or, comme la plupart des pays producteurs d'énergie d'Amérique latine ne semblent pas s'orienter vers une stratégie de diversification de leurs économies, à l'exception très notable du Brésil, le risque est grand que cette politique ne finisse en réalité par se retourner contre ses auteurs et qu'elle n'entraîne à terme un nouvel appauvrissement des classes sociales que la posture "politique" à l'égard de l'énergie était supposée défendre. A ce titre, il est particulièrement intéressant de suivre la politique du Venezuela qui risque fort d'entraîner le pays à sa ruine.

I) L'Amerique latine est traversee de crises ponctuelles liees aux questions energetiques. Ces crises eveillent de nouvelles inquietudes quant au role futur de l'Amerique Latine dans les mondes de l'energie

Les années 90 avaient donné l'image d'une Amérique latine apaisée, tant politiquement qu'économiquement, désireuse de s'intégrer dans les principaux courants économiques mondiaux et de suivre les modèles politiques démocratiques nord-américain ou européen. D'une certaine manière, on pouvait affirmer que l'Amérique latine "se normalisait" et qu'elle abandonnait un passé fait d'instabilité, de choix économiques chaotiques et de pratiques politiques souvent peu respectueuses des grands principes démocratiques.

La généralisation du modèle démocratique à partir des années 1983/1985 et l'adoption de méthodes économiques inspirées par le FMI, les Etats-Unis ou les grandes entreprises des pays membres de l'OCDE semblaient avoir eu raison de presque deux siècles de mauvaise gouvernance. Le Chili, malgré ou à cause de l'expérience de la dictature (1973/1990), aidé par l'adoption de méthodes économiques inspirées des théories monétaristes de l'école de Chicago, semblait montrer la voie de ce qu'il était désormais convenu de faire en Amérique latine pour assurer croissance et réduction de la pauvreté.

Dans le secteur de l'énergie, cette nouvelle donne économique et l'émergence de structures régionales d'intégration économique à l'échelle du sous-continent comme le Mercosur ont permis de mettre en place des...

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