La modification des fondements de la responsabilit - Vol. 30 Núm. 78, Octubre 2020 - Revista Innovar - Libros y Revistas - VLEX 903469818

La modification des fondements de la responsabilit

AutorPesqueux, Yvon
CargoEstudios Organizacionales

Introduction

Ce texte propose, sur le registre du voice d'A. O. Hirschman (1970), une lecture programmatique de la question de la rse après la coP 21 et la pandémie COVID-19 au regard de deux arguments :

- Le passage de la question de la rse du > (un capitalisme qui n'existe que dans les business schools et qui a conduit à une excroissance de la question en en occultant la dimension idéologique et en voyant de la rse partout (cf. la rse des petites et moyennes entreprises). Il s'est caractérisé par la multiplication exponentielle des textes construits, soit sur le registre formel--par exemple celui de l'examen de la communication extra financière dont la performativité et l'impact restent à démontrer, soit par aplatissement de la question du fait de sa place dans les accréditations (allant même jusqu'à la figure de la business school >). Et pourtant, la question de la rse laisse les populations largement indifférentes, y compris chez les salariés des grandes entreprises (cf. sondage sofres d'août 2019 sur la perception de la rse en France). La coP 21, en mettant en avant la responsabilité des émissions des gaz à effet de serre dans le réchauffement climatique est venue en faire un enjeu de société majeur. La pandémie COVID-19 a déclassé ses catégories, les grandes entreprises porteuses du discours de la rse ayant donné la preuve de leur totale irresponsabilité (cf. l'éclatement irresponsable des chaines de valeur).

- La dépendance de sentier dont la clôture cognitive continue à considérer la rse dans les catégories normatives passées en laissant la question à l'initiative des cercles de pensées patronaux sur le registre de la légitimation voire de l'ignorance du business in society issu des attendus de la coP 21 qui marque pourtant la fin de l'auto-décret de ce qu'est la rse et aussi du fait démenti flagrant de la supériorité accordée à l'activité économique avec la pandémie du COVID-19 qui marque la primauté à accorder à la vie.

L'ambition de ce texte sur la base d'arguments ontologiques, épistémologiques, politiques et moraux est de lier gouvernance multi-niveaux par consensus, communs et rse au regard des attendus de la coP 21 et de ceux de la pandémie covid -19.

Ce texte est organisé de la manière suivante : après l'examen de la remise en cause de la > rse à partir de l'Accord de Paris de 2015 et des attendus de la pandémie covid -19, les personnages >> du déclassement de la vielle rse, la question des communs fonciers, informationnels et globaux comme fondements d'une gouvernance multi-niveaux par consensus, la discussion des attendus d'une gouvernance multi-niveaux par consensus, la scène : Sommets de la Terre et cop (Conference of the Parties) et une conclusion effectuée au regard du signal adressé à la rse avec la modification des fondements des enjeux et du contenu du reporting extra-financier dans le cadre de la mise en oeuvre d'une gouvernance multi-niveaux par consensus.

  1. La remise en cause de la >

    rse à partir des Accords de Paris de

    2015 et la pandémie COVID-19

    Ce texte qualifie de > celle qui date d'avant l'Accord de Paris de 2015 qui acte l'obligation de mettre en place des mesure contraignantes pour faire face au réchauffement climatique par la limitation et la réduction de l'émission de gaz à effet de serre - il est alors question de > l'activité économique. Ces attendus entrent en phase avec les conséquences de la pandémie du COVID-19 de 2020 qui marque la primauté accordée à la vie humaine sur l'activité économique. > rse car c'était celle du business and society, c'est-à-dire d'une vie des affaires conçue comme étant > de la société et matérialisée par les initiatives volontaires. Il suffit pour s'en convaincre de noter l'usage cartographique et managérialo-centré de la théorie des parties prenantes (Freeman, 1984) qui faisait de l'État une partie prenante éloignée des parties prenantes directes (employés, clients, fournisseurs, prêteurs, actionnaires) et à la conception de la rse comme doctrine de l'entreprise (rappelons qu'une doctrine est ce qui ne se discute pas). Les entreprises qui ont mis en oeuvre les pratiques de la > rse ont été totalement irresponsables : éclatement des chaines globales de valeur avec, pour conséquence, les pénuries d'équipements médicaux et de médicaments, le juste-à-temps qui a conduit à l'abandon des stocks au nom de leur coût financier et à l'arrêt de nombreuses usines sans compter la multiplication des cargos sous pavillon de complaisance et les camions sur les routes, la faillite du New Public Management qui a étouffé les possibilités de mettre en oeuvre les missions régaliennes de l'Etat en ayant confondu >, > et > comme on l'a vu avec l'implosion du système de santé : on ne soigne par les malades avec un tableau de bord ! Au-delà des critiques qui avaient été adressées à la rse, il est bien maintenant acté qu'il s'agissait d'une idéologie : des entreprises majeures licencient massivement : les compagnies aériennes, Airbus, Boeing et même sanofi, un géant prospère de l'industrie pharmaceutique qui licencie, y compris dans ses effectifs de chercheurs sans compter la préférence accordée, moyennant subventions non contrôlées, aux demandes du gouvernement américain même si son Directeur Général a présenté ensuite des excuses au gouvernement français.

    Rappelons que la notion de rse avait recouvert deux grands aspects : la prise en compte des demandes des parties prenantes comme formalisation de la réponse à une demande sociale venant alors confondre responsabilité sociale et réceptivité à ces demandes, et l'intégration des pratiques liées à cette notion aux logiques de gestion, expression de son > en quelque sorte et comportant l'idée de >. Il s'agissait de donner un contenu humaniste à l'exercice du volontarisme managérial et de répondre au risque de réputation. C'est en cela que la notion était porteuse de l'ambiguïté de savoir si l'organisation est > ou > ? (Martinet, 1984). La rse a constitué une méta-norme, porteuse de valeurs plus larges que la rentabilité financière et peut être considérée comme une des manifestations du > (Pesqueux, 2017) au regard du projet doctrinal d'une > bien qu'il soit acté, depuis le début de la décennie 2010, que la rse de l'Europe continentale s'était développée sur des fondamentaux notoirement distincts de la rse nord-américaines (Pesqueux, 2006). C'est par exemple le cas pour ce qui concerne des aspects tels que le mécénat dont la légitimité ne vaut en Europe continentale que par le développement d'un arsenal législatif qui en fonde les modalités à défaut d'une légitimité politique et sociale. C'est également le cas du whistleblowing pour des pays comme l'Allemagne et la France qui ont connu une expérience historique de la délation durant la Seconde guerre mondiale.

    Le > recouvre la période dans laquelle nous avons vécu du début des années 1980 à la pandémie COVID-19. Il se caractérise à la fois comme le triomphe de l'idéologie managérialiste, mais aussi comme une forme de gouvernance. Il s'est matérialisé par l'effacement des frontières > au regard de la tension > marquée par la substitution de la norme auto-décrétée par les entreprises les plus puissantes à la loi, substitution matérialisée par la fièvre normative du domaine. Elle s'est caractérisée par l'expression volontaire et incontrôlée des limites de leur prédation par les prédateurs. Elle a contribué à la construction d'une idéologie collaborationniste matérialisée par une demande de soumission adressée aux >.

    La > a été à l'origine d'une inflation informationnelle, marquant ainsi le passage entre une > (née avec l'éthique des affaires de la décennie 1990) et l'expression d'un engagement à partir d'une déclaration d'intention. Cette perspective informationnelle devait servir de base au > avec les parties prenantes. Le terme de > est mis entre guillemets car il constitue à la fois un objectif de ces politiques informationnelles, mais aussi une forme d'impossibilité, car il y a eu construction des informations de restitution aux parties prenantes plus qu'un véritable dialogue. C'est ce qui était venu soulever la question des interférences entre la rse et la démocratie.

    Sur le plan conceptuel, il faut noter l'univocité des références avec - l'inévitable H. R. Bowen à qui est attribuée la paternité de la rse, R. E. Freeman et la théorie des parties prenantes (1984), T. Donaldson & L. E. Preston (1995), R. K. Mitchell et al. (1997) pour les classements des parties prenantes (Walsh & Taupin, 2018). Une faible place est accordée aux voix discordantes avec, par exemple--J. S. Armstrong & K. C. Green (2013), K. J. Perks & F. Farache & P. Schukla & A. Berry (2013), Y. Pesqueux (2006, 2009, 2011). C'est aussi le cas de la référence massive l'iso 26000 : 2010 pourtant obsolète depuis 2015 (le comité iso ad hoc en a refusé la révision en 2016 - l'iso ayant institué le fait qu'une une norme possède une durée de vie d'environ 5 ans entre deux révisions).

    Ce texte est donc un propos d'étape par rapport au pli de ce que devient la rse après la coP 21 et la pandémie du COVID-19 .

  2. Les personnages du déclassement de la > rse

    Après avoir tressé les attendus de son déclassement, ce paragraphe va être consacré à l'énoncé de l'apparition des nouveaux personnages de la rse.

    L'aspect majeur de la > rse est l'extensivité de l'usage de la théorie des parties prenantes, alors que les cop (Conference of the Parties) sont fondées à la même époque (1995) et constituent germe d'une gouvernance mondiale de l'environnement par consensus (relevant alors seulement des sciences politiques ?) par référence à des > qui constituent les personnages de cette scène.

    Rappelons qu'autour des négociateurs mandatés par leurs gouvernements, une coP rassemble sept catégories de > chacune d'entre elles et toutes ensembles étant en quête d'un agenda commun :

    - Les scientifiques nonobstant la diversité des champs scientifiques concernés ;

    - Les ong (Organisations non gouvernementales) nonobstant...

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